L’ Autorité de Sûreté Nucléaire française (ASN) fait le point au 13 mars, sur la situation de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi et le risque de contamination des populations. Plus de 10.000 décès ont déjà été recensés à la suite du séisme du 11 mars et du tsunami qui a frappé le nord et l’est du pays provoquant l’évacuation de plus de 450.000 personnes et la crise nucléaire continue, avec, à la centrale nucléaire de Fukushima, un niveau de rayonnement qui dépasse toujours la limite légale.
Le séisme du 11 mars a fait chauffer les réacteurs 1 et 3, provoquant des rejets d’éléments radioactifs depuis le 12 mars qui présentent un risque de contamination pour les populations. Concernant le réacteur n°1 de Fukushima Daiichi, le séisme a provoqué la perte des alimentations électriques et affecté la station de pompage de la centrale, ce qui a entraîné la perte de refroidissement du cœur du réacteur. Cet incident a été classé par l’Autorité de sûreté japonaise au niveau 4 de l’échelle INES qui en comporte 7. Le réacteur n°3 de la même centrale a présenté également des problèmes de refroidissement causant une augmentation de la pression dans l’enceinte de confinement et l’échappement de gaz radioactifs (Voir point de l’IRSN ci-dessous).
Point de l’ IRSN du 13 mars 2011 à 7 heures par le centre de crise sur les réacteurs :
· Centrale de Fukushima I (Daiichi)
Réacteur n°1
L’IRSN craint des rejets très importants avec l’explosion qui a affecté le bâtiment du réacteur.
Lors de l’explosion, le débit de dose à la limite du site aurait atteint 1 millisievert par heure (mSv/h), qui correspond à un rejet très important dans l’environnement à comparer à 0,0001 mSv/h qui correspond à l’ordre de grandeur de la radioactivité naturelle.
Réacteur n°2
L’exploitant a indiqué ce matin la nécessité d’une dépressurisation de l’enceinte de confinement à
court terme mais cette action ne semble pas avoir été réalisée.
Réacteur n°3
De l’eau est injectée dans le coeur du réacteur, la dépressurisation de l’enceinte de confinement comme annoncé le 13 mars, aurait entraîné de nouveaux rejets de produits radioactifs dans l’environnement mais pas d’explosion.
· Centrale de Fukushima II (Daini)
Réacteurs n° 1, 2, 3, 4
Il semble que les installations soient actuellement dépourvues de système de refroidissement. L’IRSN ne dispose pas d’autres informations.
· Centrale d’Onagawa
A la centrale d’Onagawa, l’état d’urgence a été déclaré suite à la mesure de débits de dose élevés à la limite du site. Ceux-ci pourraient résulter du rejet de la centrale de Fukushima Daiichi.
· Centrale de Tokai
Le réacteur de ce site connaît une défaillance du système de refroidissement mais le circuit de secours fonctionnerait normalement.
Les populations ont été évacuées dans un rayon 20 km autour des centrales et les autorités japonaises ont organisé une distribution de comprimés d’iode.Selon les experts (source AFP), le nuage radioactif qui véhicule de l’iode et du césium se déplace vers le Pacifique. À la centrale nucléaire de Fukushima, le niveau de rayonnement dépasse toujours la limite légale. 37 personnes ont été exposées à des rayonnements de forte proximité et 160 personnes pourraient aussi avoir été fortement exposées selon l’agence de sûreté nucléaire nationale. Les entrainé l’évacuation dans un rayon de 3 km, puis 10 puis 20 km, à mesure que la situation évoluait, rappelle le directeur-général de l’Autorité de Sûreté du nucléaire (ASN). En fonction du niveau d’exposition, les populations exposées risquent de développer un cancer (leucémie, poumon, colon…), des atteintes de la moelle osseuse et le décès.
En cas d’accident nucléaire, l’ingestion d’iode stable est un moyen simple et efficace de protéger la thyroïde contre les effets de l’iode radioactif. En France, par exemple, toutes les personnes résidant dans un périmètre de 10 km autour de l’une des 19 centrales nucléaires françaises reçoivent régulièrement une boîte de comprimés d’iode stable. Les jeunes de moins de 18 ans et les femmes enceintes sont les plus sensibles aux rejets d’iode radioactif, leur protection est prioritaire.
L’iode est un oligo-élément naturel indispensable au bon fonctionnement de la thyroïde, il vient se fixer sur la thyroïde et participe à la sécrétion d’hormones. En revanche, l’iode qui pourrait être rejeté en cas d’accident nucléaire provient d’une réaction physique qui a lieu à l’intérieur de réacteur. Il s’agit d’iode radioactif. En cas d’accident nucléaire, inhalé ou ingéré, l’iode radioactif peut accroître le risque d’apparition de cancer de la thyroïde. En saturant cet organe avant le rejet, l’iode stable évite la fixation de l’iode radioactif, limitant ainsi notablement son impact sanitaire L’évacuation et la mise à l’abri sont les premières mesures en cas d’alerte. Dès l’alerte, les autorités conseillent de s’enfermer dans un bâtiment en dur avec ses comprimés d’iode sous la main et une radio en état marche… quand c’est possible. L’interdiction ou la limitation de consommation de denrées alimentaires peut être également prononcée afin de limiter la contamination par ingestion.
Quelles conséquences en France ? Un réseau de balises de détection de la radioactivité dans l’environnement permet en France, d’identifier de façon fine, précise et en temps réel toute augmentation de la radioactivité. Tous les résultats de ces mesures sont centralisés sur le réseau national de mesures et accessibles à tous sur le site de mesure de radioactivité géré par l’IRSN.
Le bilan des morts du séisme et du tsunami qui a frappé le nord et l’est du Japon va probablement dépasser les 10.000 selon les autorités japonaises. Un nombre croissant d’équipes de recherche et de sauvetage arrivent au Japon envoyées par 69 gouvernements et 5 organisations internationales qui ont offert leur assistance.
Sources : Kyodo, ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire), IRSN, Site de mesure de la radioactivité
Autres sources : Nature clinical practice endocrinology metabolism, 09/2007, 3 : 611« Distributing KI pills to minimize thyroid radiation exposure in case of a nuclear accident in France. «
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