Le dépistage du cancer du sein concerne toutes les femmes de 50 à 74 ans depuis 2004. Pour qu’un dépistage soit rentable, tous les sujets éligibles doivent y participer, l’objectif étant la baisse de la mortalité en arrivant très tôt dans le développement d’une tumeur. Pour fidéliser les patient(e)s, il faut leur rappeler cet avantage offert par la santé publique, et leur donner accès aux structures de dépistage proches de leur résidence. Question d’organisation…
C’est ce qu’on appelle en l’occurence « dépistage organisé du cancer du sein », souligne l’Institut national de veille sanitaire, l’INVS (notre observatoire d’épidémiologie), qui explique ainsi que ce dépistage est coordonné au niveau local par une structure de gestion, soit une structure pour un ou plusieurs départements, et au total 90 structures de gestion pour 99 départements. Cette organisation présente un autre avantage : une évaluation plus facile des taux de participation des femmes au dépistage. Ils ont été calculés pour 2007 et 2008, et présentés ce jour par l’INVS.
Il est obtenu à partir de questionnaires annuels que renvoient les structures de gestion.
Il y a de quoi se réjouir. En 2008, le taux de participation pour l’ensemble de la France entière est de 52,5 %, ce qui correspond à près de 2 285 000 femmes dépistées au cours de l’année. Il confirme et prolonge les tendances à l’augmentation des consultantes déjà observées depuis 2004 : 40 % en 2004, 45 % en 2005, 49 % en 2006 et 50,8 % en 2007. Pourquoi se réjouir ? Parce que pendant longtemps, la France se distinguait par le nombre important de « perdus de vue », ces patients et patientes que l’on ne revoyait pas et qui ne permettaient pas de dresser des statistiques valables pour la santé publique et ses programmes.
Selon l’INVS, …
sur 2007-2008, environ 4,5 millions de femmes de la population-cible ont été dépistées. Mais un peu plus de 52 % ce n’est pas 100 %. Ce n’est même pas ce que recommande le référentiel européen de 2006 : il recommande un taux de participation de la population-cible supérieur ou égal à 70 %, référentiel qui s’applique à l’ensemble des pays européens ayant mis en place un programme de dépistage organisé. Il faut au moins ce niveau de participation pour espérer faire baisser la prévalence du cancer du sein (et d’autres cancers, d’ailleurs).
Or selon les données remontées à l’INVS, dans nos départements, seule la Haute-Vienne est en accord avec la référence européenne avec un taux de participation des femmes concernées qui a dépassé ce seuil en 2007 et 2008. D’autres départements ont un score plus qu’honorable, 6 ont un taux compris entre 65 % et 70 % : Cher, Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, Morbihan, Lot-et-Garonne, Pyrénées-Atlantiques, et 17 départements compris entre 60 % et 65 % sur ces deux années.
Mais le département de Paris se caractérise par le taux de participation au dépistage organisé, le plus faible avec 27,1 % ! Mais il serait intéressant de connaître le taux de participation dans les grandes villes. Celles-ci, suréquipées en médecins, moyens de surveillance et d’exploration, proximité des centres de soins, etc., « détournent » sans doute nombre de femmes des structures de dépistage au profit de suivis plus fréquents en ville. On a déjà montré ce phénomène pour le dépistage du cancer du col de l’utérus, avec une proportion de femmes « surdépistées » et une autre sous- ou trop rarement dépistées (parfois trop tard).
Par Région également, c’est inégal. Plus de 60 % en 2007-2008 en Aquitaine, Bretagne, Champagne-Ardenne, Limousin et Pays-de-la-Loire, moins de 40 % en Ile-de-France et Corse. Mais même les mauvais élèves augmentent leur taux de participation… moins vite que d’autres.
Conclusion de l’INVS : « Il est important de convaincre les femmes qui ne font jamais de mammographies mais également celles qui les font en dehors du programme (au moins 10% de la population-cible). et qui ne profitent pas de la qualité offerte par le dépistage organisé, accessible sans avance de frais ».
Blogger : Jean-Marie Manus
Liens : INVS, Le dépistage organisé du cancer du sein, INVS. Tableau
Lire aussi : DEPISTAGE DU CANCER DU SEIN : Un taux de participation très inférieur à l’objectif
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