Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) doit aussi veiller, c’est dans ses missions, à la protection de l’enfant et de l’adolescent, vigilance quant à la qualité et à l’opportunité des programmes, dont certains pourraient être considérés comme contraires à la santé publique.
Le CSA a consulté des experts et spécialistes de santé de l’enfance concernant les projets de télévision pour les enfants de moins de 3 ans. Ces référents estiment que « en dessous de 3 ans, l’échange et la stimulation avec des personnes sont indispensables au bon développement des enfants ». La télévision ne peut s’y substituer, disent-ils, ce serait plutôt le contraire. Des facteurs de risque ?
Ils citent : « Passivité, retards de langage, agitation, troubles du sommeil et de la concentration, ainsi que… dépendance aux écrans » (déjà connue chez les plus grands !).
Dans un avis rendu public le 16 avril dernier, le ministère de la Santé indiquait mêmement sa réticence à de tels projets de télés pour bébés. du fait que nul programme de télévision, même « spécifiquement conçu », ne saurait exercer un effet positif sur le développement cognitif (1) et psychique des moins de 3 ans ! Les études disponibles soulignent le risque lié à « la consommation d’images télévisuelles sur le développement psychomoteur est affectif ». Nombre d’études évoquent ces risques pour la pensée, l’imagination, les émotions futures.
Bref, l’enfant doit « utiliser activement ses cinq sens » et développer sa relation avec les adultes… ceux-ci devant y être disponibles – et non pas se faire remplacer par un écran.
Le Ministère de la Santé s’est prononcé contre les télés pour bébés (moins de 3 ans), refusant les arguments positifs (en apparence) développés par des sociétés audiovisuelles, arguments de « bénéfices pour la santé et le développement de l’enfant non prouvés scientifiquement ».
Plus consommation qu’interaction
D’ailleurs, ministère et spécialistes de la petite enfance déconseillent « la consommation (2) de la télévision jusqu’à l’âge d’au moins 3 ans, indépendamment du type de programme ». Même après, cet usage doit être « particulièrement prudent ». C’est pour le faire savoir aux familles que le ministère de la Santé a fait connaître publiquement sa position.
Le CSA juge nécessaire d’encadrer la distribution des programmes se déclarant conçus pour les jeunes enfants, surtout les moins de 3 ans « plus vulnérables aux effets néfastes de la télévision ».
Les producteurs de ces programmes spécifiques devront en informer les familles. Un message du CSA leur sera imposé : « Ceci est un message du Conseil supérieur de l’audiovisuel et du ministère de la Santé. Regarder la télévision peut freiner le développement des enfants de moins de 3 ans, même lorsqu’il s’agit de chaînes qui s’adressent spécifiquement à ceux-ci ».
Les mêmes avertissements devront apparaître dans divers médias et sur internet : « Ceci est un message du Conseil supérieur de l’audiovisuel et du ministère de la Santé. Regarder la télévision, y compris les chaînes présentées comme spécifiquement conçues pour les enfants de moins de 3 ans, peut entraîner chez ces derniers des troubles du développement tels que passivité, retards de langage, agitation, troubles du sommeil, troubles de la concentration et dépendance aux écrans ».
Le CSA le dit : les distributeurs de ces programmes ne peuvent promouvoir de prétendus « vertus sanitaires, éducatives ou pédagogiques ».
Enfin, l’information des téléspectateurs par tous les supports possibles ou campagnes doit également s’emparer de ces deux thèmes : il ne peut y avoir de programmes adaptés aux moins de 3 ans, la télévision peut avoir des effets négatifs chez les enfants. Editeurs et distributeurs sont attendus chaque année dans les bureaux du CSA pour justifier des précautions prises…
Blogger : Jean-Marie Manus
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D’après une « délibération des membres du CSA visant à protéger les enfants de moins de 3 ans des effets de la télévision, en particulier des services présentés comme spécifiquement conçus pour eux » (Journal officiel du 20août 2008).
(1) Les fonctions cognitives sont les fonctions d’ouverture et de perception du monde, de pratiques et d’échanges avec les autres
(2) Dans le sens d’une passivité devant l’image et d’une absence d’interaction entre le spectacle et le (jeune) spectateur
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