Gynécologie Sans Frontières (GSF) en collaboration avec la Délégation Régionale aux Droits des Femmes et à l’égalité (DRDF) et le CHU de Nantes a organisé un premier colloque sur « Violences conjugales » le 26 juin 2007 à Nantes, dans le but d’informer les professionnels de santé sur ce fléau. Les données ci-dessous proviennent des Actes du colloque accessibles sur le site de GSF
Texte d’Athénaïs
Super, j’ai reçu des fleurs aujourd’hui…
Ce n’était pas mon anniversaire ni un autre jour spécial.
Nous avons eu notre première dispute hier dans la nuit et il m’a dit beaucoup de choses cruelles qui m’ont vraiment blessée.
Je sais qu’il est désolé et qu’il n’a pas voulu dire les choses qu’il a dites parce qu’il m’a envoyé des fleurs aujourd’hui.
J’ai reçu des fleurs aujourd’hui.
Ce n’était pas notre anniversaire ni un autre jour spécial.
Hier, dans la nuit, il m’a poussée contre un mur et a commencé à m’étrangler.
Ça ressemblait à un cauchemar, je ne pouvais croire que c’était réel.
Je me suis réveillée ce matin le corps douloureux et meurtri.
Je sais qu’il doit être désolé parce qu’il m’a envoyé des fleurs aujourd’hui.
J’ai reçu des fleurs aujourd’hui.
Et ce n’était pas la fête des mères ni un autre jour spécial.
Hier, dans la nuit, il m’a de nouveau battue, c’était beaucoup plus violent que les autres fois.
Si je le quitte, que deviendrai-je ? Comment prendre soin de mes enfants ?
Et les problèmes financiers? J’ai peur de lui mais je suis effrayée de partir.
Mais je sais qu’il doit être désolé parce qu’il m’a envoyé des fleurs aujourd’hui.
J’ai reçu des fleurs aujourd’hui.
Aujourd’hui c’était un jour très spécial, c’était le jour de mes funérailles.
Hier dans la nuit, il m’a finalement tuée. Il m’a battue à mort.
Si seulement j’avais trouvé assez de courage pour le quitter,
je n’aurais pas reçu de fleurs aujourd’hui………..
« Partout dans le monde, des femmes subissent des actes ou des menaces de violence. C’est une épreuve partagée, au-delà des frontières, de la fortune, de la race ou de la culture. A la maison et dans le milieu où elles vivent, en temps de guerre comme en temps de paix, des femmes sont battues, violées, mutilées, en toute impunité. » Brochure Amnesty International 2004 *
A l’heure actuelle, les violences conjugales sont sous-estimées et insuffisamment prises en charge en France. L’enquête E.N.V.E.F.F. a permis d’apprécier en 2000, l’importance du problème : 6970 femmes âgées de 20 à 59 ans ont été interrogées sur la notion de violences conjugales survenues les 12 derniers mois. Cette étude montre que 10% des femmes sont victimes de violences de différents types : insultes (43%), chantage affectif (1,8%), pressions psychologiques (24,2%), dont harcèlement moral (7,7%), agressions physiques (2,5 %), viols et autres pratiques sexuelles imposées (0,9%). Toutes les catégories socioprofessionnelles sont concernées : cadres supérieurs (10%), femmes au foyer (10,2%), employées (9%) et ouvrières (8,7%). La prévalence varie en fonction de plusieurs paramètres « facteurs de risque » : l’âge jeune (20-24 ans = 15,3% ; au-delà de 45 ans = 8%) ; l’origine africaine (19,3% contre 10%) ; les antécédents de maltraitance dans l’histoire familiale multiplie par 4 le risque ; l’alcoolisme, la précarité, la religion…
Le Rapport 2006 de l’Observatoire National de la Délinquance (OND) complète ces données : Violences mortelles en 2004 : 162 cas soit plus de 13 cas par mois (plus d’un décès tous les 3 jours). Violences non mortelles, en 2004 : 34.848 cas. Hausse spectaculaire des condamnations à des peines de prison pour violences conjugales +364,9% entre 1998 et 2003, A Paris, en 2002, 49% des « mains courantes » et 60% des interventions nocturnes de la police sont faites pour violences conjugales. Au total, on estime qu’en France 1 500 000 femmes sont victimes de violences conjugales.
http://www.amnesty.fr/index.php/amnesty/s_informer/actualites/ne_restons_pas_muets_face_aux_violences_conjugales Lire sur Santé log « Violences conjugales, les facteurs de risque »
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