Ce sont des survivants, des survivantes. Survivants d’une catastrophe personnelle, l’inceste, qui leur a été imposée souvent au plus jeune âge, une brutalité subie pendant des années en secret. Car l’entourage ne voit rien, n’entend rien ou, pire, ne veut rien voir ou savoir, ne veut pas troubler un certain « ordre établi ». Le pire, c’est la dangerosité extrême de certains milieux familiaux, toutes classes confondues.
Survivants, oui, car cette souffrance endurée laisse des séquelles psychologiques, physiques, mentales, morales, elle abîme le futur jeune homme, la future jeune fille, brise leur vie à venir (certains, à bout, la brisent volontairement). Tenter de reprendre le cours d’une vie normale, c’est comme tenter de survivre, mais il faut alors avoir eu la chance de rencontrer celui ou celle qui saura écouter, déculpabiliser même, soigner aussi. C’est alors ne plus se sentir seul à porter ce monstrueux secret.
C’est par exemple rencontrer les écoutants de l’Association internationale des victimes de l’inceste, l’AIVI. Et c’est la raison pour laquelle le congrès qu’organise l’AIVI le 4 octobre prochain à Paris (1) est bien loin d’être un exposé de situations individuelles dramatiques. Il va poser à nouveau la question d’une prise en charge plus efficace de ce qui est devenu un « problème de santé publique », qui devrait l’être en tous cas. Un de plus ? Non, un de moins… bien géré que tous ceux dont les médias nous resservent trop souvent…en oubliant celui-là.
Il lui faut une médecine de l’âme et du corps, qui se penche mieux sur la psychotraumatologie, enseignée enfin ou mieux, pour que des professionnels de santé ne se trouvent pas démunis devant des cas difficiles, douloureux, auxquels on ne les a pas préparés, qu’ils ne savent pas dépister, entendre à demi-mot, deviner comme ces médecins qui, sur quelques signes subtils, savent dépister un enfant battu.
Les séquelles psychologiques, le mal de vivre, la difficulté à survivre des victimes de l’inceste ne se soigne pas seulement avec des antidépresseurs, de l’Antabuse ou du Subutex. La prise en charge doit être un tout, et le congrès de l’AIVI nous en donnera quelques exemples. Aider ces survivants à se reconstruire en tant qu’être humains « sans taches » : celles qu’ils croient voir sur elles, sur eux, et qui stigmatisent en fait leurs bourreaux. Leur donner la force et les moyens d’attaquer en justice, même un proche très… proche, avec le soutien de la Loi, la Loi anti-pédocriminalité, mais aussi de ceux dont la profession est de soutenir le mental de ceux qui souffrent.
Leur permettre enfin de réussir leur retour vers une vie normale, qui leur est due plus qu’aux autres, vie sociale, vie professionnelle, vie familiale, vie de mère ou de père.
Enfin, il faut former et informer. Les familles, les professionnels (médical, social, enseignement), le citoyen, les élus, les entreprises… Et les médias, bien sûr. Il faut faire le plus de bruit possible autour de l’inceste. Soyez nombreux le 4 octobre, plus on est de « fous » plus on crie (fort) !
Les chiffres de l’inceste ? Sur le site de l’AIVI, les statistiques sont tirées d’études étrangères diverses, car on n’a pas de cette épidémiologie-là en France. Quant aux témoignages d’agressions intra-familiales, ils donnent froid dans le dos.
Blogger : Jean-Marie Manus
(1) A l’ASIEM : 6 rue Albert de Lapparent, 75007 Paris.
AIVI : www.aivi.org. Informations et inscriptions congrès : www.aivi.org/congres. Tél. : 06 83 23 46 72.
Siège de l’AIVI : Maison des associations B7, 20 rue Edouard-Pailleron, 75019 Paris.
Lire aussi : http://www.santelog.com/modules/connaissances/actualite-sante-inceste-soigner-les-victimes–congres-aivi-2008-_151.htm
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