Les gynécologues-obstétriciens sont préoccupé de la montée d’une nouvelle « profession » de la naissance : les doulas, comme l’ont exposé les Prs Roger Henrion, Gilles Crépin, Bernard Salle et Claude Sureau, de l’Académie nationale de médecine.
La doula propose au couple un accompagnement, en principe non médical, de la grossesse, de l’accouchement et du post-partum (suite de couches), en s’insérant dans le suivi médical pour « répondre aux questions et aux angoisses » des futurs parents. Problème : « leur connaissance du sujet est essentiellement empirique…alliée à une formation théorique onéreuse et à une formation pratique très limitée ».
Les experts de l’Académie reconnaissent l’utilité d’un accompagnement psychologique de la grossesse, de l’accouchement et du post-partum… à condition que leur sécurité soit respectée. Il ne s’agit pas de protéger la profession : médecins, sages-femmes, il y a pénurie démographique là aussi.
Dans leurs recommandations, approuvées par l’Académie le 10 juin, nos quatre experts évoquent le « danger que peut représenter l’immixtion de personnes insuffisamment formées dans le déroulement de la grossesse et de l’accouchement » et soulignent que « les sages-femmes, formées tant au plan médical que psychologique, sont idéalement les accompagnantes de la maternité physiologique, qui requiert une expérience médicale acquise au cours d’un enseignement de qualité ».
L’immixtion, ce sont les décisions d’ordre obstétrical que les doulas entendent prendre ou imposer, qui créent des risques importants figurant au rapport approuvé par l’Académie (11 pages) :
– dénonciation de la médicalisation de l’accouchement, qui est loin d’être systématique ;
– incitation des femmes à refuser la péridurale pour accoucher naturel ;
– présence de plusieurs personnes en salle de naissance, augmentant le risque nosocomial ;
– proposer à la femme enceinte de boire et manger pendant le travail, augmentant le risque si une anesthésie est nécessaire en urgence ;
– « autorisation » d’une durée d’expulsion supérieure à 2 h et refus d’extraction instrumentale, d’où augmentation du risque de souffrance fœtale ;
– naissance dans l’eau avec risque de noyade ;
– absence de désobstruction des voies aériennes supérieures du nouveau-né et de gouttes oculaires ;
– attente supérieure à une heure de la délivrance, exposant au risque d’hémorragie ; – retard à l’expulsion où à l’hospitalisation après rupture des membranes, avec risque de procidence du cordon ou d’infection microbienne du fœtus ;
– ignorance de la souffrance fœtale et perte de chances pour l’enfant ;
– laisser aux femmes le choix de l’accouchement à domicile alors que rien n’est médicalement organisé (comme aux Pays-Bas) pour le faire en toute sécurité.
On ne peut imposer des choix aberrants à la parturiente, disent les experts, en profitant de sa fragilité psychologique à l’accouchement. Le rapport cite la MIVILUDES (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, 2006), évoque « le risque sectaire », inquiète de voir se développer un mouvement « dans des milieux hostiles à la médicalisation de la maternité », et l’absence d’encadrement de cette profession.
Blogger : Jean-Marie Manus
Pour en savoir plus: http://www.academie-medecine.fr/detailPublication.cfm?idRub=26&idLigne=1400
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